Remus John Lupin

« Lost and insecure, you found me lying on the floor, surrended. »

« Il était une fois, un grand méchant loup qui vivait dans la forêt... » Cette histoire n'avait jamais plu à Remus. Parce qu'il savait combien elle était vraie. C'était le souvenir le plus vif et le plus douloureux qu'il avait. Et pendant des années, chaque nuits, il vivait à nouveau ce drame dans d'horribles cauchemars, où le méchant loup devenait de plus en plus effrayant. Il n'avait que cinq ans. Sa maman était une moldue, elle aimait lui raconter des contes et des histoires merveilleuses, où les gentils gagnaient toujours. Son papa était un sorcier, qui pour l'amuser faisait apparaître des oiseaux. Il avait même un petit chien, nommé White. C'était une vie normale. Mais, un jour, il entendit son papa crier, contre un homme grand aux cheveux grisonnants dont la colère tordait son étrange visage tordu. Ce dernier partit en claquant la porte. Remus ne savait pas quel était le sujet de la dispute. Il n'avait que cinq ans, il s'en moquait. Pendant un temps, ses parents lui interdirent de quitter la maison. « Au cas où. » disait son papa. Alors, pour lui remonter le moral, sa maman lui apprenait à faire des gâteaux en lui racontant des histoires. Mais un soir, White sortit par la porte de la cuisine, et Remus se précipita à sa poursuite. Ses parents ne s'en rendirent pas compte immédiatement. Et, au cœur de la forêt, alors que Remus retrouvait son chien, il entendit un grognement derrière lui. Il est encore aujourd'hui, incapable de mettre des mots sur ce qu'il se passa après. Mais, toutes les nuits, il voyait de nouveau les images de l'attaque. Le loup énorme qui lui sautait dessus. La griffure sur la joue. La morsure à l'épaule. La douleur. Il avait dû crier à ce moment là, mais personne ne vint. Et finalement, le loup énorme le laissa, presque pour mort. Il y eut un long silence, et il entendit le cri de sa mère. Puis, il sentit les bras de sa mère, autour de lui, les sanglots étouffés de son père qui s'excusait encore et encore, et encore. Et puis, il avait dû perdre connaissance. « Il va falloir que tu sois courageux Remus. » « Je suis désolé Mr Lupin. Il n'existe aucun remède contre la lycanthropie. » « Mais il n'a que cinq ans, par Merlin ! » « Mon chéri... Nous t'avons installé un matelas dans la cave, pour ta... tu sais. Transformation. » Remus avait souffert lors de sa première transformation. Mais il le savait, peu importait la douleur physique, ses parents avaient bien plus mal que lui. Ils pouvaient l'entendre hurler dans la cave. Lorsqu'ils étaient entrés le matin, ils avaient trouvé le matelas détruit, et Remus roulé en boule dans un coin, pleurant en silence. Chaque os, chaque muscle, chaque centimètre de peau le brûlait, le tirait. Mais c'était fini. Au moins pour un mois. Il était devenu un vrai loup-garou. Un monstre de conte de fée. « Madame, Remus viendra à Poudlard. » déclarait calmement cet étrange vieil homme qui se tenait dans le salon des Lupin. Remus était assis silencieusement dans le fauteuil rouge. Il était toujours très silencieux. Il avait changé depuis ce petit garçon vif et rieur. Désormais, il était un garçon de dix ans, frêle et pâle, qui ne parlait que lorsque c'était nécessaire. Son père s'éloignait assez souvent de la maison, ayant du mal à supporter le poids de sa culpabilité. Seule sa mère tentait encore de lui rendre le sourire. Elle avait trouvé comment deux ans auparavant : les livres. Remus lisait énormément, s'enfermant parfois pendant plusieurs jours dans ses mondes fantastiques où il n'était pas un monstre. Et aujourd'hui, sa bonne fée était là, au milieu du salon, en la personne d'Albus Dumbledore, qui venait juste d'être nommé Directeur de Poudlard. L'école magique où l'on acceptait pas les monstres dans son genre. « Cet enfant a droit, comme n'importe quel autre à une éducation magique. Je prendrai avec l'infirmière les dispositions nécessaires. Mais il pourra venir étudier à Poudlard. » Le visage de Remus retrouva un peu de couleurs à cette annonce. On lui offrait le droit d'être l'égal des autres élèves ? Sa mère en pleurait presque de joie. Lui, il se contenta de sourire. Un sourire de Remus était une chose si rare... Et quelques mois après, il se retrouvait à bord du Poudlard Express. Ses parents lui avaient fait un millier de recommandations, et il avait dû promettre d'écrire des lettres toutes les semaines (il s'y tiendra trois ans, après il se limitera à une par mois.) Le seul compartiment libre était pour lui, ce gosse maigre aux cheveux châtains, avec quelques cicatrices sur le visage. Nul doute que sa vie sociale allait être compliquée. Et pourtant. Un garçon entra timidement dans le compartiment. Il était un peu plus petit que Remus, et semblait encore plus timide que lui. Lorsque Remus le salua, le garçon s'empourpra et balbutia quelque chose comme « sa...salut. Je suis Peter. Je... Je te dérange ? » Remus se souvenait avoir souri d'un air rassurant, et le garçon s'était calmé. La pleine lune n'était pas loin, les sens du loup étaient affutés, et il pouvait presque entendre le rythme cardiaque trop rapide de ce Peter. Il n'avait fallu que quelques minutes de plus pour qu'entrent deux autres garçons, aux cheveux noirs, l'un d'entre eux avec des lunettes, l'autre avec une sorte de classe naturelle qui impressionna Remus (et bien plus encore Peter qui se fit tout petit sur son fauteuil.) « Hey, salut, tous les autres compartiments sont pleins, on peut s'installer ici ? Au fait, je suis James, et lui, c'est Sirius ! » Et ils s'installèrent là, apportant une vague de bonne humeur et de folie au wagon. « Lupin, Remus. » appela cette sorcière. Remus grimpa sur le tabouret et le Choixpeau lui tomba sur les yeux. « Mhm, quel bel esprit. Une bonne intelligence... La volonté d'être accepté par tous... Tu ferais un très bon Serdaigle tu sais ? Tu as les capacités pour être parmi les meilleurs, mais... Oh, voilà un secret ! Un secret que tu ne veux dévoiler à personne, hein ? Et bien, quel courage tu as... Je pense que tu t'épanouiras bien plus à GRYFFONDOR ! » Et Remus alla rejoindre Sirius Black qui était déjà installé à la table rouge et or et qui lui faisait de grands signes. James et Peter aussi les rejoignirent plus tard. Et pour la première fois de sa vie, Remus eut des amis. Les meilleurs amis dont il puisse rêver. Ces quatre là se complétaient parfaitement. James et Sirius parvenaient à sortir Remus et Peter de leurs coquilles. Peter permettait à James et Sirius de se sentir utiles. Remus tentait de leur insuffler un peu de calme et de maturité. Mais il y avait toujours ce secret. Chaque mois, Remus disparaissait. Et il était hors de question de leur avouer la vérité, tant il était persuadé que s'ils l'apprenaient, ils le rejetteraient. C'était devenu son nouveau cauchemar lors de sa seconde année. Il voyait James et Sirius le regarder avec dégout, Peter avec de la peur dans les yeux. Alors, il fallait mentir. « Ma mère est malade, il faut que je rentre la voir » était la meilleure excuse. Mais Remus avait sous-estimé ses amis. Un jour, lors de sa troisième année, ils le coincèrent. Il s'en souvient comme si c'était hier. Peter avait fermé la porte du dortoir, magiquement. Sirius l'avait forcé à s'assoir sur le lit (en appuyant simplement sur son épaule, c'était le lendemain de la pleine lune et Remus était particulièrement faible.) et James l'avait regardé droit dans les yeux avec son air sérieux. « Remus, tu nous as menti pendant un an et demi. Bon record. » Remus avait commencé à trembler légèrement. Ils savaient, ils allaient le laisser tomber, et ils allaient le dire à tout le monde, et il allait devoir quitter l'école, et... « Eh ! Rem', cesse de trembler comme ça, on dirait que tu vas t'évanouir ! » s'était écrié Sirius. « On a bien étudié les cycles de la lune, et vu ton état de fatigue, et le fait que tu disparaisse une fois par mois... Tu es un loup garou ! » avait conclu Peter. Lui, il cachait bien son jeu, il pouvait se montrer très malin quand il le voulait. « Oui. » avoua Remus. « Et maintenant, j'imagine que je dois faire mes valises, parce que vous êtes au courant, et que vous ne voulez plus partager le dortoir d'un monstre... » Sa voix tremblait. Il était fatigué, au bord des larmes, son corps était encore douloureux de la veille... Ce qu'il s'était passé après était au delà de ses espérances. Sirius l'avait pris dans ses bras en le traitant d'idiot, Peter avait tenté de le convaincre qu'il n'était pas un monstre, et James avait proposé de l'aider. Comment ? En devenant des animagus. Tous les trois. Remus avait tenté de les dissuader, de leur dire que ce n'était pas sérieux, mais ses trois amis ne l'écoutaient même pas. Ils allaient l'aider, qu'il le veuille ou non. Pour la première fois de sa vie, Remus se sentait aimé par quelqu'un d'autre que ses parents, en dépit de sa condition. Même s'il était un monstre, il avait des amis fantastiques. Et ils réussirent. James devint un cerf majestueux qui parvenait bien à maîtriser le loup si celui-ci tentait de fuir dans Pré-Au-Lard. Sirius devint un grand chien, presque aussi grand que le loup, qui parvenait toujours à jouer avec lui. Et Peter devint un rat, assez petit pour aider les garçons à appuyer sur le nœud du Saule Cogneur, un rat après qui le loup adorait courir. Et à chaque pleine lune, Remus se sentait un peu plus humain, la fureur du loup disparaissait. Et même si les transformations restaient douloureuses, au moins, il n'était plus seul désormais.

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